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Danièle Starenkyj

PASSEZ-MOI LE SEL, S’IL VOUS PLAÎT

L'histoire médicale du sel remonte à l'Antiquité et nous révèle que ce dernier a été étroitement lié à différents aspects de l'histoire de l'humanité.


* Depuis les anciens Égyptiens, et jusqu’à ce jour, le sel a été investi de nombreuses significations culturelles et religieuses. Le sel est reconnu comme un symbole d'amitié, d'hospitalité, de chasteté, d'alliance, de convivialité, de fidélité, de fertilité, de bénédiction, de malédiction (quand il vient à manquer) et d'endurance, etc. Dans tout cela rien de négatif par rapport à cette substance !


* L'usage médicinal millénaire a lui aussi toujours mis l’accent sur les aspects positifs du sel. Le sel prévient la putréfaction, réduit l'enflure des tissus (en compresses), traite la diarrhée. Les peuples anciens disposaient également de preuves de sa relation avec la fertilité chez les animaux domestiques et chez les humains.


* L'histoire du sel constitue donc un exemple unique pour étudier l'impact d'une substance alimentaire largement utilisée sur différents aspects importants de la vie et de la santé des humains tout autour du monde.


LA GUERRE CONTRE LE SEL


Depuis des décennies, l'idée qu'une consommation élevée de sel (NaCl) -- selon des critères récents -- conduit à l'hypertension, persiste. Toutefois, affirment bien des spécialistes de la question, cette idée repose sur une opinion et non sur une preuve scientifique. On ignore les nombreux articles scientifiques qui avancent que la consommation d'un régime riche en sel n'est pas la cause de l'hypertension et qu'il existe d'autres facteurs, tels que les SUCRES ajoutés, qui sont à l'origine de l'hypertension et des maladies cardiovasculaires.


En fait, le grand débat sur le sel a fait l'objet de plus de publicité qu'il ne le mérite. Il est malheureux de voir des recommandations nationales ou internationales sur les habitudes alimentaires se concentrer sur un seul ingrédient tel que le sel, au lieu de plutôt encourager les gens à manger plus d'aliments sains, tels que les fruits et les légumes. Il ne faudrait pas oublier que la majeure partie du sel que nous consommons ne provient pas de la salière, mais des aliments emballés que nous achetons au supermarché (alimentation urbaine-industrielle très salée).

L’HYPONATRÉMIE, UNE ÉPIDÉMIE ?


→ L'hyponatrémie (faible taux de sodium dans le sang) est l'anomalie électrolytique la plus courante souvent négligée, en particulier, chez les personnes âgées, et les patients apparemment en phase terminale.


→ L'hyponatrémie peut être asymptomatique ou provoquer des symptômes allant des nausées et de la léthargie aux convulsions et au coma.


→ Cette pathologie est devenue de plus en plus fréquente au fil du temps. Son évolution a suivi celle de l'adoption de régimes pauvres en sel.


→ Des médecins affirment que la popularisation des régimes pauvres en sel ne devrait pas être justifiée chez les personnes dont la fonction rénale est normale, le sodium excédentaire étant automatiquement éliminé dans les urines.


→ L'étude de l'état électrolytique de chaque patient devrait permettre de déterminer si l'apport en sel alimentaire est approprié ou non.


→ Il serait alors nécessaire de retirer la recommandation d'un régime pauvre en sel à l'ensemble de la population.


LES EFFETS SÉRIEUX D’UNE HYPONATRÉMIE


Voici les affirmations de trois études sur cette question :


1. L’ÉPIDÉMIE D’HYPONATRÉMIE : UNE FRONTIÈRE TROP LOINTAINE ?


→ Une concentration normale d'ions sodium (Na+) dans le plasma et le liquide extracellulaire est essentielle pour la conduction électrique nerveuse et musculaire. Si l'apport en sel alimentaire n'est pas égal ou supérieur à la perte de sel dans l'urine et la sueur, il se produit une chute du taux de Na+ en dessous des concentrations permettant un fonctionnement normal. Cet état (hyponatrémie) entraîne un dysfonctionnement du cerveau et du corps ; une grande partie de la maladie d'Alzheimer a été attribuée à l'hyponatrémie. Dans un pays chaud (Ouganda) où le taux de transpiration est élevé et entraîne une perte de sel, la prévalence de l'hyponatrémie chez les patients hospitalisés de plus de 60 ans atteignait 25 %. L'hyponatrémie, dans nos pays au climat tempéré, est régulièrement associée à la prise de DIURÉTIQUES prescrits médicalement.


→ Le régime pauvre en sel est associé à une mortalité accrue et a été fortement critiqué dans la presse américaine et dans le journal scientifique The Lancet. Tant que l'excrétion de sodium est normale, un régime riche en sel est sans danger ; si cette excrétion est excessive, comme c'est souvent le cas chez les personnes âgées, un régime pauvre en sel est très dangereux. Chez les sujets dont l'excrétion de Na+ est augmentée, une augmentation de l'apport en sel pourrait améliorer la qualité de vie.


→ Les cellules électriquement actives dépendent du sodium -- cellules du cœur, des muscles lisses vasculaires et des muscles squelettiques. Pour le bon fonctionnement de ces organes, il faut donc éviter à tout prix l’hyponatrémie.


→ Plusieurs scientifiques constatent un nombre croissant de cas d'hyponatrémie, même chez les enfants (qui ne devraient certainement pas être soumis à un régime pauvre en sel), y compris les nouveau-nés, et les athlètes qui boivent trop d'eau lorsqu'ils perdent du sel en transpirant.


→ Une hyponatrémie SÉVÈRE a été associée à un déficit hypophysaire, à l'hémorragie méningée (saignement dans l’espace qui entoure le cerveau), à l'ostéoporose, à l'échec de la supplémentation en sel par des traitements médicaux, le traitement thiazidique (diurétique) chez les personnes âgées, et l'association de thiazidiques et de médicaments psychotropes (antidépresseurs, antipsychotiques) et aux antiinflammatoires.

→ La restriction en sel aggrave le diabète.


→ Il existe des preuves que le régime méditerranéen (un régime paysan-agricole dans lequel les aliments passent du champ ou du jardin à la table) abaisse la tension artérielle en cas d'hypertension.

2. L’HYPONATRÉMIE APRÈS LA COVID-19 EST FRÉQUENTE AU COURS DE LA PREMIÈRE ANNÉE ET AUGMENTE LES RÉADMISSIONS


→ Jusqu'à 30 % des patients hospitalisés atteints de la Covid-19 développent une hyponatrémie, et celle-ci a été associée à des résultats plus défavorables tels que la prolongation de la durée d'hospitalisation, la prolongation du séjour en unité de soins intensifs, et la mortalité.


→ La pneumonie a été associée à un risque accru d'hyponatrémie, qui est un marqueur de mauvais pronostic en cas de Covid-19.


→ Certaines études font état de symptômes persistants d’hyponatrémie après une infection à COVID-19 non sévère, et de la présence de signes et de symptômes affectant la qualité de vie dans près de 90 % des cas, quelle que soit la souche virale. Un nombre croissant d'études sur les symptômes post-aigus et prolongés de la COVID-19 ont été publiées dans le monde entier, et montrent même des changements dans la structure du cerveau, principalement dans le système limbique.


→ La correction de l'hyponatrémie a un effet direct sur la mortalité ou d'autres effets indésirables en cas de Covid-19. Une méta-analyse récente a montré que l'amélioration de l'hyponatrémie réduisait la mortalité globale jusqu'à 60 % par rapport aux patients n'ayant pas bénéficié d'une amélioration de l'hyponatrémie.


→ En conclusion, l'hyponatrémie dans le suivi des patients après la sortie de COVID-19 était fréquente au cours de la première année chez les hommes plus âgés avec des comorbidités, et elle augmentait le risque d’une nouvelle hospitalisation.


3. LA BIOPSYCHOLOGIE DE LA FAIM DE SEL ET DE LA CARENCE EN SODIUM


→ La carence en sodium est associée à des états psychologiques négatifs tels que l'anhédonie (perte de la capacité à ressentir le plaisir), l'altération de la cognition, et la FATIGUE.


→ Les symptômes qui semblent accompagner la déplétion en sodium sont identiques à ceux présents chez les patients atteints du syndrome de fatigue chronique, celui-ci étant caractérisé par de la faiblesse, des douleurs musculaires, de fortes CRAMPES, des troubles de la mémoire et/ou de la concentration mentale, et de l'insomnie.


→ Des études récentes ont confirmé que la déplétion en sodium induit l'anhédonie, et que celle-ci est l'un des principaux critères de diagnostic du TROUBLE DÉPRESSIF MAJEUR, de la schizophrénie, et d’autres troubles neuropsychiatriques (autisme, TDAH, trouble bipolaire, troubles anxieux).


→ Il est aussi intéressant de noter qu’une exposition à des facteurs de stress chronique peut diminuer la consommation de sel et entraîner une hyponatrémie, et donc ses dangereux effets.


CONCLUSION

Les données issues de l'expérimentation animale sont cohérentes avec les expériences montrant que la carence en sodium amène les humains à raffoler des produits salés. Les personnes en manque de sodium considèrent les aliments salés comme plus attrayants (patates chips, bretzels, etc.) et les aliments non salés comme moins attrayants. Voilà le secret de l’addiction aux chips bien salées et bien grasses expliqué !


L'appétit pour le sodium résulte aussi de circonstances moins courantes qui entraînent un déficit considérable en sodium corporel, notamment la grossesse, les vomissements, la transpiration, les hémorragies, la diarrhée et le maintien à long terme d'un régime alimentaire déficient en sodium -- particulièrement par les VÉGÉTALIENS et les VÉGÉTARIENS qui ne salent pas leur nourriture, et ne consomment pas d’aliments industriels préemballés. Ils sont souvent étonnés de tout faire si bien et de se sentir si mal…


De nombreux pays conseillent à leur population de suivre un régime pauvre en sel, régime, dit-on, qui sauvera des vies. Un des arguments est que la consommation de sel a augmenté récemment. Les preuves historiques sont tout à fait contraires, puisque les premières civilisations, la marine, et les femmes au foyer, jusqu'à récemment, utilisaient le sel pour conserver les aliments. Aujourd’hui, les aliments ne sont-ils pas simplement congelés, donc sans utilisation de sel ?


Le cadeau le plus précieux qu'un invité pouvait offrir à son hôte autrefois était « du pain et du sel ». Alors pourquoi ne pas tenir compte du propos de Gandhi : « Après l'eau et l'air, le sel est peut-être l'élément le plus vital pour la santé ». C’est ce que la science actuellement confirme.


Le prochain blogue parlera de l’hyponatrémie dans le cancer, ainsi que des différentes sortes de sel disponibles. À bientôt !


© 2024, Danièle Starenkyj

RÉFÉRENCES

1. James J DiNicolantonio et coll., Is Salt a Culprit or an Innocent Bystander in Hypertension? A Hypothesis Challenging the Ancient Paradigm, Am J Med, 2017.

2. Angela J. Drake-Holland et coll., The Hyponatremia Epidemic: A Frontier Too Far?, Front Cardiovasc Med, 2016.

3. German Baez et coll., Hyponatremia and malnutrition: a comprehensive review, Ir J Med Sci, 2024.

4. Betina Biagetti et coll., Hyponatremia after COVID-19 is frequent in the first year and increases re-admissions, Scientific Reports, 2024.

5. Seth W. Hurley et coll., The biopsychology of salt hunger and sodium deficiency, Pflugers Arch, 2015.

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