LA VITAMINE N : SES EFFETS FAVORABLES SUR LE COMPORTEMENT
L’histoire des vitamines souligne que ce sont les effets dévastateurs liés à leur carence qui ont mené à leur découverte.
LA VITAMINE B1
Des poules nourries de riz blanc dépérissent et ont les mêmes symptômes que les prisonniers et les malnutris en Asie. On reconnaît que les poules et les humains qui consomment du riz brun ne manifestent aucun symptôme. En 1887, un médecin néerlandais, Christiaan Eijkman, est convaincu qu’il y a dans le riz complet une substance indispensable à une bonne santé. En 1912, Casimir Funk, un biochimiste américain d’origine polonaise, réussit à isoler la vitamine B1, la substance dont la carence cause le béribéri, cette maladie caractérisée par une immense fatigue, et qui finit par attaquer le cœur, les nerfs et les muscles.
LA VITAMINE A
Dans les populations où le gras habituel est le lard (plutôt que le beurre ou l’huile de palme rouge) et dans celles où les légumes orangés et verts foncés (courges, carottes, verdures) sont absents, la croissance des enfants est médiocre, et il survient une sécheresse des yeux qui débouche sur la cécité par destruction de la cornée. En 1913, on découvre un pigment jaune, le carotène, transformé en vitamine A par l’organisme. Il est abondant dans les végétaux mais aussi le jaune d’œuf, le beurre, et l’huile de foie de morue. Aujourd’hui, on sait que sa carence (on ne mange pas de légumes ni de fruits) augmente la fréquence et la gravité des infections. Elle est aussi associée à un risque plus élevé de cancer, notamment celui du côlon.
LA VITAMINE C
Son histoire est liée à celle des marins au long cours d’autrefois qui devaient survivre sur des rations sans aucun produit frais. Au bout de trois mois en mer, des équipages entiers commençaient à souffrir d’ecchymoses (bleus), de saignements des gencives, de déchaussement des dents, de dessèchement des cheveux et de la peau. Une fatigue, des douleurs osseuses et musculaires rendaient les marins inaptes et beaucoup mouraient. Au 18e siècle, on se rend compte que le jus de citron frais donné chaque jour à l’équipage le protège de ce qu’on appelle le scorbut. En 1928, la vitamine C sera isolée et dénommée acide ascorbique (en référence à la maladie du scorbut).
LA VITAMINE D
L’histoire de la vitamine D est liée au rachitisme, cette malheureuse déformation des os des jambes arquées ou en X. Dès le 18e siècle, on préconise la consommation de l’huile de foie de morue contre la maladie. Il faut attendre les années 1920 pour que soit isolé le calciférol, plus tard dénommé vitamine D. En 1924, la relation entre les rayonnements solaires (UVB) et la vitamine D est mise finalement en évidence.
Aujourd’hui, on reconnaît 13 vitamines dont la caractéristique commune est que nos cellules ne peuvent pas les fabriquer. Il faut les absorber par la bouche ou par la peau (vitamine D).
Ainsi, le béribéri (du cingalais « je ne peux pas, je ne peux pas » ou « faiblesse, grande faiblesse »), la xérophtalmie, le scorbut, le rachitisme sont des maladies faciles à prévenir mais aussi à enrayer. Leur solution se trouve dans une alimentation diversifiée à base d’aliments non raffinés, colorés, frais, mais aussi de soleil en plein air ou, à défaut, en pilule. Depuis le temps que l’on connaît leur solution simple, il ne faudrait plus avoir un seul cas de ces affections débilitantes et douloureuses dans le monde. Hélas, hélas…
LA VITAMINE N
Et voilà que l’on est dans l’obligation urgente de redécouvrir la vitamine N, après une longue période d’oubli et même de mépris. Cette vitamine est aussi essentielle que les 13 autres connues, et aussi pernicieuse dans sa carence. Sans elle, vont survenir des problèmes de comportement dont les problèmes d’externalisation des émotions : hyperactivité, non-respect des règles et agression ; et les problèmes d’internalisation des émotions : anxiété, repli sur soi et dépression.
Ces problèmes de comportement dans la petite enfance sont un facteur prédictif important de résultats négatifs en matière de santé mentale à un stade ultérieur de la vie. En effet, ils sont hautement prédictifs d'une série de difficultés pendant l'enfance, comme les troubles du comportement, les mauvais résultats scolaires et le rejet par les pairs, ainsi que de résultats négatifs à l'adolescence et à l'âge adulte, comme les problèmes de santé mentale, les mauvaises perspectives d'emploi et le comportement antisocial.
Ces problèmes de comportement entravent également le développement d'une série de compétences sociales, émotionnelles et cognitives chez les enfants. Rappelons que la petite enfance est une période critique pour le développement de problèmes de comportement liés à l'inadaptation sociale.
LA VITAMINE N : SON ÉCOLOGIE
La vitamine N est liée à un style parental maternel et paternel qui choisit une stratégie de discipline qui fixe des limites et attend de l’enfant un comportement adapté à son développement -- une stratégie de discipline conséquente constitue un aspect fondamental du rôle parental.
Ce style d’éducation faisant autorité, associé à de l’affection et de la chaleur émotionnelle dans la relation parent-enfant, met l’enfant à l’abri des tendances narcissiques, de l’irresponsabilité sociale et d’une motivation égocentrique qui résultent d’un style parental permissif – celui-ci étant peu exigeant, manquant de surveillance, de contrôle, et de discipline, mais chaleureux et nourricier.
LE PRINCIPE DE LA PRIVATION BÉNIGNE
Oui, être un parent faisant autorité et non un « ami » de son enfant, est exigeant – tout comme veiller à manger régulièrement des céréales complètes (vitamines B1), des fruits et des légumes frais (vitamines A et C) et sortir au soleil chaque jour vitamine D) – mais cela évite à nos enfants de graves problèmes comportementaux, problèmes qui aujourd’hui fragilisent dangereusement notre tissu social, de la garderie à l’université, puis sur le marché du travail.
Le révélateur de la vitamine N est le Dr John Rosemont. Il prescrit depuis plusieurs décennies une règle simple qu’il appelle le « principe de privation bénigne » : « Mettez de l'ordre dans le monde de vos enfants en leur donnant tout ce dont ils ont vraiment besoin, mais pas plus de 25 % de ce qu'ils veulent simplement. Le mot de trois lettres qui forge le plus le caractère dans la langue française est « non » -c’est la vitamine N. Dispensez-la fréquemment, et vous serez plus heureux à long terme, et votre enfant aussi. » Qu’en pensez-vous ? La recette est simple mais prometteuse de meilleurs lendemains sociaux.
©2021 Danièle Starenkyj
RÉFÉRENCES
→ Terrence Sanvictores, Magda D. Mendez, Types of Parenting Styles and Effects On Children, Stat Pearls, mars 2021.
→ Is Your Child Getting Enough Vitamin N? PragerU /https://www.prageru.com › video ›
→ Campbell Ross, L’adolescent, le défi de l’amour inconditionnel, Orion.
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