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Danièle Starenkyj

L’ALZHEIMER : OUBLIER POUR CESSER DE SOUFFRIR ?

Aujourd’hui, la maladie d’Alzheimer (MA) se dresse devant les babyboomers comme un sceptre d’angoisse après une vie passée à vouloir réussir. Ils avaient décidé de changer le monde. Ils ont crié pour la liberté. Ils ont condamné les guerres. Ils ont bouleversé la société et cru qu’ils pouvaient vaincre les maladies et vivre longtemps pour jouir de leur vie prospère gagnée souvent, hélas, au prix de la destruction de leurs relations familiales et sociales.


Et voilà qu’on leur parle de troubles cognitifs (de la mémoire) et thymiques (de l’humeur) causés par des plaques bêta-amyloïdes et/ou la protéine tau dans leur cerveau. Plus récemment, ils entendent dire que l’Alzheimer serait un diabète de Type 3. Et combien encore croient qu’elle est génétique ?


L’ALZHEIMER, DONNÉES ACTUELLES


→ Aujourd’hui, la science remet globalement en question, et même nie, que des plaques bêta-amyloïdes seraient la cause de la MA. On dit que cette théorie serait issue d’une fraude scientifique dans les années 1990.


→ On avance actuellement, mais sans aucun consensus, que cette maladie pourrait être un diabète de Type 3.


→ On affirme haut et fort que l’Alzheimer n’est pas génétique, sauf dans moins de 1 à 2 % des cas liés à un gène vulnérable. La MA peut alors se manifester entre 30 et 50 ans.


→ Dans 99% des cas, la maladie d’Alzheimer est dite sporadique, soit se manifestant de façon isolée. Elle survient après 65 ans ou 80 ans. Un cas dans la famille ne signifie pas que d’autres membres auront aussi la MA.


→ On avoue qu’il n’existe aucun médicament susceptible de ralentir l’évolution de la MA.

UN ÉTAT DE STRESS POST-TRAUMATIQUE


Réfléchissons ensemble.


* Et s’il y avait des concordances importantes entre les vécus traumatiques, les événements de vie stressants de l’enfance et de la vie adulte et la survenue des troubles cognitifs (pertes de mémoire, démence, etc.) lors du troisième âge ?


* Et si les symptômes thymiques (humeur dépressive, perte d’intérêt envers les activités antérieures, pensées suicidaires) étaient un trouble de stress post-traumatique (TSPT) chez le sujet âgé ?


* Et si l’Alzheimer, ce syndrome dit démentiel, était une résurgence du passé, un retour des blessures pouvant remonter à l’enfance, un désir d’oubli pour ne plus souffrir ?


LE TSPT, UN CONCEPT RÉCENT


Cliniquement défini seulement en 1980, par suite des ravages de la guerre au Vietnam parmi les vétérans américains, le TSPT a suscité de nombreuses études qui ont établi qu’il se développe chez les personnes qui ont vécu un événement extrêmement choquant : participation à des combats militaires (vétérans), victimes d’une agression physique ou sexuelle, d’une catastrophe naturelle ou d’une prise d’otage, perte d’un ou de plusieurs enfants (maladie, accident, avortement, etc.), être témoins d’un accident, d’un attentat, etc. Toutes ces personnes ont pour point commun d’avoir vécu ces évènements comme un facteur de stress intense ou d’effroi, face auxquels elles se sont senties impuissantes.


Le TSPT se caractérise par :


● Une reviviscence répétitive des événements sous forme de flash backs soudains qui font revivre la scène. Cette reviviscence survient spontanément à la suite d’un stimulus (odeur, son, lieu…) et elle entraîne des manifestations physiques relatives à la détresse psychique : sueur, pâleur, raidissement, augmentation anormale des battements du cœur.


● Un évitement des pensées, des discussions ou des personnes en rapport avec le traumatisme dont le but avoué ou non est de ne pas faire face à la douleur causée par le trauma. Il en découle des tentatives, souvent inefficaces, pour l’effacer de la mémoire mais qui font l’effet contraire, soit de renforcer la détresse initiale.


● Des troubles de l’humeur accompagnés d’hypervigilance, d’irritabilité, de difficultés de concentration, de troubles du sommeil.


UN FORT IMPACT SUR LA VIE QUOTIDIENNE ET LA SANTÉ


Le stress post-traumatique non soigné devient chronique et peut se manifester par de la fatigue, un manque d’énergie, une absence de motivation, de l’anorexie ou de la boulimie, des comportements affectifs et sexuels perturbés, de l’anxiété, de la dépression. La souffrance est si grande qu’elle est très souvent à l’origine de dépendances à des substances psychoactives dont l’ALCOOL qui est définitivement en première ligne pour « noyer son chagrin ». La souffrance risque aussi de déboucher sur le suicide qui produira un TSPT à ceux qui en seront les témoins. Les migraines, l’hypertension artérielle, l’ulcère gastrique, les maladies dermatologiques (psoriasis entre autres) peuvent aussi assombrir la vie des personnes souffrant de TSPT.

ET QUAND VIENT LE VIEILLESSEMENT


Chez les personnes âgées le trauma enfoui depuis des années peut revenir en force. Il envahit leurs pensées, les hante dans des cauchemars et dans toutes sortes de réminiscences affectives ou émotionnelles de choses passées et « oubliées ». Le trauma demande à être entendu finalement.


Pour beaucoup, il n’est pas entendu et ne le sera pas. Le ou les souvenirs stressants altèrent alors progressivement les mécanismes de mémorisation. La personne est déclarée Alzheimer et plus ou moins rapidement placée en institution.


Les sédatifs, les antidépresseurs ou les anxiolytiques, mais aussi les médicaments prescrits spécifiquement pour l’Alzheimer ne sont strictement que symptomatiques. 


LA THÉRAPIE PAR LA POUPÉE


Au cours de l'évolution clinique de la démence dans l’Alzheimer, l'apparition de symptômes comportementaux et psychologiques peut encore aggraver le fardeau de la maladie. Les symptômes comportementaux classiques sont l'agitation, l'apathie, l'irritabilité, l'errance, l'anxiété, la dépression, les idées délirantes et les hallucinations.

Les thérapies non pharmacologiques (musicothérapie, zoothérapie, etc.) sont considérées comme la principale méthode de réduction du risque des comportements de la démence.


Une des dernières venues dans ces thérapies non pharmacologiques est la THÉRAPIE PAR LA POUPÉE d’abord utilisée en Suède pour les enfants atteints d’autisme dans les années 1990. Cette thérapie est maintenant progressivement utilisée dans les maisons de retraite et les unités de gériatrie en Italie, en Suisse, en France, et au Québec.


Elle réduit efficacement les comportements d’agitation et autres chez les personnes âgées atteintes de démence modérée à sévère.

POURQUOI ?


● Des revues systématiques ont déjà indiqué l'efficacité de la thérapie par la poupée pour promouvoir et maintenir la relation affective découlant de l’attachement lié à la dispensation des soins.


● La théorie de l'attachement considère que la tendance humaine à rechercher la proximité et la protection ainsi que le besoin d'établir des liens affectifs en cas de sentiment de vulnérabilité ou d'insécurité est normale et qu’elle doit être respectée.


● Un programme de thérapie par la poupée aide les participants à maintenir les compétences de communication verbale et à se concentrer sur le bébé, sur l’environnement extérieur plutôt que sur soi-même. Il prévient le retrait social en améliorant et en maintenant l'interaction sociale.


● En outre, la communication non verbale -- contact visuel, toucher, exploration et comportements de soins -- pourrait également être augmentée en adoptant des attitudes et des activités liées aux soins. Or cela favorise ainsi un état psychologique positif et minimise l'apparition de comportements et de psychologies difficiles.


QUELQUES MIRACLES ÉTONNANTS DE LA THÉRAPIE PAR LA POUPÉE


→ Une dame de 88 ans en institution pour personnes dépendantes, qui ne parle plus depuis longtemps, s’est exclamée « mon p’tit petiot » en voyant un poupon (faux mais ultraréaliste) couché dans un couffin posé au sol. Elle le prend dans ses bras et ne le quitte plus. À partir de ce moment, elle a retrouvé la parole, une parole, selon les intervenantes, « très cohérente ». Elle a passé les derniers mois de sa vie apaisée et rayonnante.


→ Dans une autre institution, un intervenant avait remarqué que la présence d’enfants tranquillisait les personnes âgées atteintes de troubles cognitifs (Voir la poésie de Victor Hugo Lorsque l’enfant paraît). Elles se redressaient et se mettaient à échanger entre elles. À la suite de cette constatation, il a pu voir que la présence d’un poupon adopté par un ou une résidente avait le même effet.


→ Un homme de 80 ans adopte Rose, le bébé de l’institution. Il en est fou. Il la serre contre son cœur et ne cesse de s’exclamer sur sa beauté. Il caresse ses petits pieds nus et couvre de bizous son front sans rides. Parfois, il lui chante une chanson. Cet homme passait sa journée à pousser des cris qui dérangeaient toute l’unité. Désormais, il parle d’une voix douce et posée.


→ La thérapie par la poupée semble « apaiser les souffrances d’antan et réveiller des sentiments positifs, de la sérénité, de la joie, mais aussi la précision dans les gestes ou dans la parole ». Des patients qui n’arrivaient plus à prononcer « une phrase entière ou à boutonner leur chemisier, y parviennent à nouveau pour parler au poupon et l’habiller ».


CONCLUSION


On ne le dira jamais assez : le trauma doit être soigné (thérapie du trauma par la parole en première instance, thérapie cognitivo-comportementale, etc.) aussi rapidement que possible avant d’avoir à se réfugier dans la solitude, les drogues ou la démence pour en faire taire la douleur.


Parlant de l’analyse des cas d’Alzheimer, Freud a dit qu’elle « révèle toujours et dans tous les cas, que le motif de l’oubli consiste dans une répugnance à se souvenir de quelque chose qui est susceptible d’éveiller une sensation pénible ».


Et si l’on apprenait à remplacer cette question si banale « Qu’est-ce qui ne va pas ? », par cette autre question empathique et qui tient compte des traumatismes : « Que vous est-il arrivé ? »


© 2024 Danièle Starenkyj

RÉFÉRENCES

° Résurgence des traumatismes chez le sujet âgé, impact sur un processus démentiel et traitement : étude en institution auprès de sujets atteints de la maladie d'Alzheimer, 2017, Thèse Nicolas Delrue, Thèses.fr

° Stéphanie Cadet et Véronique Mangin D’Ouince, Résurgence du traumatisme chez le sujet âgé, Pratiques professionnelles, CAIRN.INFO, 2007.

° Relation entre événements de vie, traumatismes et démence ; étude ouverte portant sur 565 patients déments, E. Charles,V .Bouby-Serieys, P. Thomas, J.P. Clément, L’Encéphale, 2006.

° Les traumatismes du passé peuvent-ils entraver la capacité à vieillir chez soi ? McMaster University, 2022.

° Troubles du stress post-traumatique, Dossier réalisé en collaboration avec Pierre Gagnepain, chercheur de l’équipe Mémoire et oubli, au sein de l’unité Neuropsychologie et imagerie de la mémoire humaine (Université de Caen Normandie/École pratique des hautes études), 2020.

° YU Peng et coll., Doll therapy for improving behavior, psychology and cognition among older nursing home residents with dementia: A systematic review and meta-analysis, MSNGeriatric Nursing, 2024.

° Maladie d’Alzheimer : La psychologie clinique en contrepoint de la médecinepar Yves-Patrick Nkodo Mekongo et coll. Cet article cite Freud : Freud Sigmund, (1898), Sur le mécanisme psychique de l’oubli, dans Résultats, idées, problèmes, t.1, Paris, PUF, 1988).

° Le stress dont il faut guérir pour ne pas en mourir, 2021. Blog de Danièle Starenkyj

° Thérapies efficaces du stress toxique, 2021. Blog de Danièle Starenkyj

° Pr Moshe Farchi, PROTOCOLE SIX’C, Protocole de premiers secours psychologiques pour éviter le développement d’un stress post-traumatique. Protocolesixc.org.

premiers secours psychologiques pour éviter le développement d’un stress post-traumatique. Protocolesixc.org.

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