CANCER ET HYPONATRÉMIE
Dans mes recherches sur le sel, j’ai relevé de nombreux articles qui commençaient, étonnamment, par cette déclaration :
« L’hyponatrémie (faible taux de sodium dans le sang) est le trouble électrolytique le plus fréquent chez les patients atteints de CANCER et est associée à une morbidité et une mortalité importantes ».
POURQUOI UNE HYPONATRÉMIE CHEZ LES PATIENTS CANCÉREUX ?
Courante chez les patients hospitalisés, et/ou en soins palliatifs, on affirme que de multiples causes peuvent conduire à l'hyponatrémie dans le cancer. On parle :
* du syndrome d'antidiurèse (urine concentrée et peu abondante) inappropriée, ce syndrome étant plus souvent secondaire à une sécrétion de vasopressine (une hormone antidiurétique) par les cellules des tumeurs ;
* de plusieurs médicaments de chimiothérapie dont le cisplatine et le carboplatine qui contiennent du platine, les alcaloïdes de la pervenche, les agents alkylants (immunosuppresseurs), les opioïdes (pour la douleur) et les anti-inflammatoires non stéroïdiens qui tous provoquent une hyponatrémie ;
* de la diarrhée et des vomissements provoqués par les traitements du cancer.
AUTRES FACETTES DE L’HYPONATRÉMIE
* Des auteurs listent comme causes les plus fréquentes de l’hyponatrémie : certains médicaments dont la carbamazépine (anticonvulsivant), la chlorpropamide (médicament qui abaisse la glycémie) l’ocytocine (utilisée pour induire le travail de l’accouchement), les psychotropes (risque d’hyponatrémie sévère), l’ecstasy (une amphétamine) mais aussi la consommation excessive d'alcool, les régimes à très faible teneur en sel, la malnutrition, et la consommation excessive d'eau pendant l'exercice d’intensité vigoureuse.
* On détient des preuves que tous les niveaux d’hyponatrémie sont associés à la mortalité toutes causes confondues chez les patients primaires, et qu’elle est liée à un risque accru de diagnostic de cancer, en particulier de cancer pulmonaire et de cancer de la tête et du cou.
* De nombreuses études ont démontré que dans différents types de cancer, la survie est affectée négativement par l'hyponatrémie, alors que la correction du sodium sérique a un effet positif sur l'évolution du patient.
* Des études in vitro ont montré que les cellules cultivées en présence d’un faible taux de sodium ont un taux de prolifération et une motilité plus importants, en raison d'un dérèglement des voies de signalisation intracellulaires.
* Les données de la littérature suggèrent que l'hyponatrémie peut être considérée comme un facteur d’issue ou d’évolution défavorable dans le cancer.
* On a également émis l'hypothèse que l'hyponatrémie liée au cancer affectait négativement la réponse au traitement anticancéreux.
* En outre, il existe de plus en plus de preuves qu'une action efficace et opportune sur la normalisation des niveaux de sodium pourrait avoir un effet positif sur le pronostic.
* Les cancers du poumon, de la PROSTATE, du pancréas, du foie et du rein semblent être associés à la fréquence la plus élevée d'hyponatrémie modérée-sévère, tandis que le cancer du sein est associé à la fréquence la plus faible. En particulier, le cancer du poumon à petites cellules est le type de cancer le plus fréquemment lié à ce trouble électrolytique.
NOUVELLES THÉRAPIES ANTICANCÉREUSES ET HYPOTRANÉMIE
Les nouvelles thérapies anticancéreuses ont amélioré les résultats pour les patients tout en contribuant à l'apparition de nouveaux cas d'hyponatrémie.
Les patients doivent être surveillés de près pour détecter l'apparition d'une hyponatrémie médiée ou non par la vasopressine. Les formes aiguës et symptomatiques de l'hyponatrémie nécessitent une intervention urgente, et des résultats récents soutiennent que la correction de l'hyponatrémie chronique sans symptômes peut réduire les coûts médicaux et améliorer la probabilité de survie au cancer ainsi que la qualité de vie.
L'innovation dans les thérapies anticancéreuses a conduit à une amélioration substantielle des résultats, mais aussi à de nouvelles toxicités liées à la thérapie, y compris les troubles électrolytiques.
On signale l'hyponatrémie liée aux inhibiteurs de la tyrosine kinase, et à d'autres thérapies ciblées dont les inhibiteurs de points de contrôle, qui produisent également une hyponatrémie.
Ces agents sont de plus en plus utilisés pour traiter une grande variété de tumeurs malignes. On doit aussi mentionner l'hyponatrémie liée à la thérapie chez les receveurs de nouveaux traitements pour le myélome multiple.
L’HYPONATRÉMIE, SIGNE AVANT-COUREUR DE CANCER ?
Un diagnostic d'hyponatrémie peut être un marqueur de néoplasmes occultes. Il peut signaler en particulier des cancers du poumon, du cerveau, du foie, du pancréas, de l'œsophage, du rein, du pharynx et de lymphomes non hodgkiniens.
→ Une étude nationale basée sur la population a mis en évidence un risque nettement accru de diagnostic de cancer au cours des six premiers mois suivant un diagnostic d'hyponatrémie.
→ Le risque était particulièrement élevé dans les groupes d'âge les plus jeunes. Un ratio d'incidence standardisé de plus de 10 fois a été observé pour les cancers du poumon, du cerveau et du foie, et un ratio de 5 à 10 fois pour les cancers du pancréas, de l'œsophage, du rein et du pharynx, ainsi que pour les lymphomes non hodgkiniens.
→ Comme le risque élevé a persisté au-delà de la première année de suivi dans plusieurs types de cancer, il est peu probable que ces observations soient entièrement dues à un biais de diagnostic.
→ Ces cancers se caractérisent tous par peu de symptômes précoces, ce qui fait qu'ils sont à un stade avancé et souvent incurable au moment du diagnostic primaire.
→ L'identification de l'hyponatrémie en tant que prédicteur précoce potentiel de cancers spécifiques devrait faire l'objet d'une analyse plus approfondie dans le cadre d'études plus vastes et prospectives, y compris des programmes de dépistage.
→ L'hyponatrémie pourrait donc contribuer à la détection précoce du cancer.
PRÉVENIR AU QUOTIDIEN UNE INSUFFISANCE EN SODIUM
Un apport de 3 000 à 5 000 milligrammes par jour semble être optimal, ce qui représente un niveau similaire à la consommation moyenne générale, qui est de 3371 mg par jour.
Cela revient à une quantité de 7,5 à 12,5 grammes de sel table par jour, soit 1,5 à 2,5 cuillères par jour (le sel ne contient que 40% de sodium, il faut donc multiplier par 2,5 pour ajuster la quantité de sel).
ALIMENTS SAINS RICHES EN SODIUM
Les BETTERAVES
Une betterave compte environ 65 milligrammes de sodium.
Le CÉLERI et les CAROTTES
Il y a environ 50 milligrammes de sodium dans une botte de céleri ou une grosse carotte.
Les ÉPINARDS
Les épinards sont très riches en sodium, soit 125 milligrammes de sodium par portion.
Les CONCOMBRES donnent 2 mg de sodium par 100 g.
Les GRAINES DE CITROUILLE donnent 18 mg par 100 g.
QUEL SEL CONSOMMER ?
Il existe au monde deux types de sels : les sels marins et les sels gemme ou sels de roches. Les sels sont donc d’origine minérale.
Sel marin : Un sel marin provient tout simplement de la mer. Par l’effet du soleil et du vent, l’eau de mer s’évapore laissant place au sel qui ne s’est pas évaporé.
Sel Gemme : Un sel gemme est exploité dans des mines creusées dans la roche ou à ciel ouvert. Ce sel est en fait une couche de roche que l’on extrait mécaniquement. On le déclare sel pur exempt de pollution.
Parfois des composés chimiques viennent colorer ce sel : on pense à la sylvinite qui donne la couleur bleue au sel bleu de Perse ou à l’oxyde de fer qui vient teinter le sel rose de l’Himalaya.
Ces sels de roche, tout comme les sels naturels marins, ne contiennent pas d’iode, mais ils contiennent toute sorte d’oligoéléments (Fer, Zinc, Magnésium, Potassium, Calcium, Manganèse, etc.).
CONCLUSION
Je me permets de citer à nouveau le propos de Gandhi (Voir le blog « Passez-moi le sel, s’il vous plaît ») en me disant que s’il avait pu lire les articles actuels sur le cancer et un taux en sodium trop faible dans le sang, il en aurait effacé l’expression « peut-être » … La science, elle, aujourd’hui, n’a plus de doute. Alors, permettez-moi cette retouche :
« Après l'eau et l'air, le sel est l'élément le plus vital pour la santé. »
©Danièle Starenkyj 2024
RÉFÉRENCES
→ Benedetta Fibbi et coll., Hyponatremia and Cancer: From Bedside to Benchside, Cancers (Basel), 2023.
→ Christian Selmer et coll., Hyponatremia, all-cause mortality, and risk of cancer diagnoses in the primary care setting: A large population study, Eur J Intern Med, 2016.
→ Rossana Berardi, Hyponatremia in cancer patients: Time for a new approach, Critical Reviews in Oncology/Hematology,2016.
→ Martina Catalano et coll., Sodium Levels and Outcomes in Patients With Metastatic Renal Cell Carcinoma Receiving Nivolumab, Oncology, 2023.
→ Biruh T Workeneh et coll., Hyponatremia in the cancer patient, Kidney Int, 2020.
→ Karyne Pelletier, Cancer therapy-induced hyponatremia: A case-illustrated review, SAGE JOURNALS, 2024.
→ Louise Holland-Bill et coll., Cancer therapy-induced hyponatremia: A case-illustrated review, Acta Oncologica, 2018.
→ Eszter Bartalis et coll., Prevalence and Prognostic Significance of Hyponatremia in Patients With Lung Cancer: Systematic Review and Meta-Analysis, Front Med, 2021.
→ Nathaniel E Miller et coll., Diagnosis and Management of Sodium Disorders: Hyponatremia and Hypernatremia, Am Fam Physician, 2023.
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